Nous vous présentons ici un résumé du rapport de A.J. Environnement suite à leur visite sur le lac le 24 août 2021. Nous vous rappelons que les services des biologistes de cette compagnie ont été retenus par Ville de Rivière-Rouge afin d’avoir un portrait de l’état de santé des lacs sur son territoire et aussi de dépister la présence de myriophylle à épis. Il a été déterminé que notre lac sera visité aux quatre ans afin de suivre son évolution.
Les paramètres qui ont été analysés et cartographiés sont les suivants : le bassin versant, le type de peuplement et les perturbations forestières, l’inventaire des plantes aquatiques et du substrat, le profil physico-chimique (température, oxygène dissous, carbone organique dissous, transparence, PH, conductivité, phosphore total, chlorophylle a) et le stade trophique.
Comme il s’agit d’un rapport plutôt exhaustif, les représentants des associations des six lacs qui ont été visités en 2021 ont été conviés à une présentation virtuelle afin d’en expliquer les grandes lignes.
BASSIN VERSANT : il s’agit du territoire qui s’égoutte vers le lac. Il a une superficie relativement grande comparativement à la superficie du lac. Il est occupé par des terrains forestiers ainsi que par des milieux humides ayant une forte concentration en phosphore et en carbone organique. Il est aussi important de considérer les conséquences potentielles des coupes forestières sur la qualité de l’eau du lac : ruisseaux gonflés donc érosion des berges et apport additionnel en carbone organique et en nutriments.
PLANTES AQUATIQUES ET SUBSTRAT : en date du 24 août 2021, aucun plant de myriophylle à épi n’a été détecté. Une diversité intéressante de plantes aquatiques est présente dans les zones littorales du lac Lanthier. Le substrat observé est constitué principalement de sable de matière organique.
PROFIL PHYSICO-CHIMIQUE :
La température : La prise de données au lac Lanthier en août indique une stratification thermique bien définie. Cette stratification, qui joue un rôle très important dans les plans d’eau, est composée de trois zones spécifiques, soit l’épilimnion (eaux chaudes en surface, bien oxygénées et éclairées par les rayons du soleil), le métalimnion (la zone de transition entre les eaux chaudes de surface et les eaux froides) et l’hypolimnion ( tout au fond du plan d’eau). Siège de la thermocline, la décroissance rapide de température dans le métalimnion crée une barrière de densité empêchant les eaux de surface et les eaux profondes de se mélanger. La différence de densité entre les eaux de ces trois zones empêche les trois couches de se mélanger, sauf durant le brassage biannuel des eaux à l’automne et au printemps. Ce mélange assure une redistribution équitable des nutriments et de l’oxygène dissous dans toute la colonne d’eau
Oxygène dissous : il s’agit d’un paramètre physicochimique de grande importance puisqu’il permet la respiration des organismes vivants qui y habitent. Divers facteurs peuvent en influencer la concentration : la température de l’eau, la profondeur du lac, la concentration de matières organiques et de nutriments, ainsi que la quantité de plantes aquatiques, d’algues et de bactéries présentes dans le plan d’eau. Afin de déterminer le seuil à partir duquel la protection de la vie aquatique est compromise pour une exposition prolongée, le ministère de l’Environnement (MELCC) propose une limite qui se situe autour de 5 à 6 mg/L. Au mois d’août 2021, la concentration en oxygène dissous dans le lac Lanthier était en moyenne de 2,54 mg/L, ce qui est inférieur à la limite du MELCC. Les données recueillies dénotent une carence en oxygène à partir du 4 e mètre de profondeur. Après le 11 e mètre de profondeur, la concentration en oxygène dissous dans le lac Lanthier devient nulle. Le lac est donc en état d’anoxie.
Transparence et carbone organique dissous : En août dernier, le lac Lanthier présentait une transparence de 3,05 mètres. La transparence est partiellement influencée par la quantité de carbone organique dissous puisque celui-ci colore l’eau. Au mois d’août 2021, nos analyses ont révélé une concentration un peu élevée de ce paramètre, soit de 6,4 mg/L. Une concentration importante de COD dans l’eau d’un lac peut être un indicateur de la déforestation et de l’érosion des berges du bassin versant.
PH : Le pH informe sur l’acidité d’un liquide et se mesure sur une échelle graduée de 0 à 14. La valeur 7 étant neutre ; les valeurs inférieures à 7 désignent un liquide acide et celles supérieures à 7 désignent un liquide alcalin (basique). Au lac Lanthier, le pH en surface était de 7,20 et de 6,08 à 13 mètres de profondeur. La moyenne du pH pour l’ensemble de la colonne d’eau était de 5,95, c’est-à-dire une eau légèrement acide, sans dénoter de problème pour ce paramètre.
A ce sujet, et puisque la crainte de l’implantation de la moule zébrée dans notre lac a été soulevée l’été dernier, il nous a été confirmé qu’elle se complait et se reproduit dans les milieux alcalins dont le PH est de 7.5 à 8. Elle ne représente donc pas de danger pour notre lac qui est plutôt acide.
Phosphore total trace: plus il y a de phosphore, plus il y a d’algues et de plantes aquatiques. Celui-ci est le principal responsable de l’eutrophisation d’un plan d’eau et influence l’apparition des fleurs d’eau (blooms) de cyanobactéries. Le lac Lanthier présentait au mois d’août 2021 une concentration de phosphore total trace de 4,7 µg/L. Le phosphore total peut provenir de diverses origines toutefois, considérant l’abondance de riverains autour du lac, une portion de l’apport de phosphore peut provenir d’installations septiques défectueuses ou des bandes riveraines artificialisées. Finalement, plusieurs coupes forestières sont répertoriées dans le bassin versant.
Chlorophylle a : plus un lac contient d’éléments nutritifs, plus la croissance des algues microscopiques planctoniques est forte et plus la concentration de chlorophylle α sera élevée. Ainsi, la concentration de chlorophylle α est généralement corrélée à la concentration de phosphore qui est, comme mentionné précédemment, un élément essentiel à la croissance des algues. Le lac Lanthier présentait une concentration de chlorophylle α de 1,9 µg/L au mois d’août 2021, c’est-à-dire une concentration correspondant au niveau trophique oligotrophe.
STADE TROPHIQUE : Les lacs changent et évoluent dans le temps. Leur vieillissement, ou eutrophisation, est une réponse du milieu aquatique à un enrichissement excessif en matières nutritives. L’eutrophisation se traduit par divers symptômes, tels que l’augmentation marquée de la biomasse algale, la forte croissance de plantes aquatiques, un déficit en oxygène et des odeurs désagréables dues à la grande quantité de matière organique en décomposition. La détermination du stade trophique d’un lac permet de voir si l’eutrophisation de celui-ci est avancée ou non. Différents paramètres, tels que la concentration en phosphore et en chlorophylle α ainsi que la transparence de l’eau sont utilisées pour déterminer si le lac est oligotrophe (peu d’éléments nutritifs), eutrophe (beaucoup d’éléments nutritifs) ou encore mésotrophe (stade intermédiaire). L’étude de diagnose du Lac Lanthier a permis de le classer au stade trophique oligotrophe. Ce qui est une bonne nouvelle en soit puisqu’il a déjà été classé oligo-mésotrophe et mésotrophe antérieurement. La revitalisation des rives au fil des ans et de nouvelles installations septiques ont surement contribué à cet état de fait. Il faut donc continuer à être vigilants!
Les perturbations forestières ne semblent heureusement pas avoir contribué à l’augmentation du carbone organique dissous dans le plan d’eau. La conductivité spécifique au lac Lanthier est faible, ce qui laisse supposer un taux de sédimentation également bas. Du côté du pH, les valeurs se situent près de la neutralité. Le lac Lanthier présente une stratification thermique complète et bien définie. La concentration en oxygène dissous dans l’hypolimnion est inférieure au seuil minimal défini, le lac est anoxique.